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TOUT POUR L'OUVRIER

Un siècle d’histoire au cœur d’Abbeville

 

À Abbeville, la boutique Tout pour l’Ouvrier a célébré ses cent ans en 2024. Ancrée dans l’histoire locale, elle a su traverser les époques, les guerres et les mutations du commerce en préservant son identité et son exigence de qualité. Rencontre avec Ludovic Lefillatre, gardien de ce patrimoine vivant.

 

Cent ans de tradition

J’ai toujours connu la boutique Tout pour l’Ouvrier à Abbeville. Et pour cause, elle fut créée en 1924, époque à laquelle elle portait le nom de l’amiral Courbet. Même la Seconde Guerre mondiale n’a pas eu raison d’elle.

 

Rescapé des bombes de 1940

Après le déluge de bombes déversées sur Abbeville en mai 1940, l’immeuble où le magasin était implanté depuis sa création fut anéanti. Après la guerre, un nouveau bâtiment reconstruit à sa place accueillit de nouveau ce commerce qui, de fait, n’a jamais changé d’adresse depuis les années 1920, mais que Ludovic Lefillatre a successivement agrandi.

 

Il faut dire qu’au début du vingtième siècle, le local, doté d’un atelier de fabrication à l’étage, était de taille très modeste. En revanche, l’enseigne, elle, n’a pas été modifiée depuis mon enfance. Heureusement ! Elle fait partie de l’âme du lieu – un repère rassurant à une époque où tout s’accélère et s’emballe. Au fil du temps, petite touche par petite touche, le passé a posé sa griffe un peu partout ici : affiches, buvards encadrés, plaquettes publicitaires, photos en noir et blanc, et jusqu’à un portrait de l’arrière-grand-père de Ludovic partant à la chasse avec son chien au Crotoy. Colette, qui séjournait à ce moment-là chez la duchesse de Morny, fut un jour séduit par ce bel homme aux yeux clairs qu’elle aperçut accoudé au comptoir d’un café. Lorsqu’elle lui demanda s’il était pêcheur, il répondit, non sans aplomb, qu’il était modèle pour les photographes.

Tradition et qualité, innovation et authenticité : les piliers d’une identité centenaire
Tout pour l’Ouvrier, est loin, très loin des boutiques modernes standardisées, qui appâtent la clientèle en changeant leurs vitrines les semaines pour appâter une clientèle avide de nouveautés éphémères. Ici, on prend son temps pour conseiller le client pour qu’en partant, il ne doute pas de son achat. Malgré ce que son nom pourrait laisser croire, Tout pour l’Ouvrier ne s’adresse plus exclusivement aux ouvriers ni même aux professionnels, bien que cette clientèle reste son cœur de son activité. Mais un nom, c’est une signature, une identité, un esprit, une philosophie qui traverse le temps : en plus d’offrir fonctionnalité, confort et protection, les vêtements des ouvriers se doivent de durer. Ces qualités se retrouvent aussi dans les vêtements de ville que propose le magasin, traduisant son exigence : mettre la qualité et la tradition à l’honneur. L’enseigne s’appuie pour cela sur des marques de renom, certaines parmi les plus anciennes en

Europe, comme les bérets Laulhère, dont la production fut lancée en 1840 par cette maison béarnaise créée en 1792, ou comme le gantier madrilène Santacana fondé en 1896.

Ludovic Lefillatre, commerçant passionné et visionnaire
Quand je rencontre Ludovic Lefillatre, je suis immédiatement frappée par son attachement à la tradition et à la qualité durable, un ancrage dans le passé qui ne l’a pas empêché d’anticiper l’évolution technologique. Passionné d’informatique depuis ses dix-sept ans, il fit partie des premiers commerçants de la ville à lancer son site Internet à l’aube du l’ère digitale, quand les commerces alentours commençaient à noyer dans cette vague numérique. Tout pour l’Ouvrier n’est pas à proprement parler une affaire de famille, mais presque. Ludovic a rejoint l’entreprise en 1992, à vingt ans, pour épauler sa mère, originaire du Crotoy, à la tête du magasin qu’elle avait racheté à ses anciens propriétaires qui, sans héritiers, cherchaient un repreneur. Elle tint les rênes du magasin pendant dix-sept ans avant de passer la main à Ludovic.

 

Des chantiers aux sorties en ville, en passant par les plateaux de tournage
Ludovic, de sa voix douce et posée me raconte l’histoire du lieu, en l’émaillant d’anecdotes, et partage avec moi ses connaissances des produits et étoffes adaptés aux différents métiers, du charpentier au tailleur de pierres, en passant par le bûcheron. Sa gamme très pointue, autrefois exclusivement destinée aux ouvriers, artisans et artistes, s’adresse aujourd’hui aussi à des productions cinématographiques, à des reconstitutions historiques, à des groupes folkloriques ou encore à des particuliers qui apprécient la qualité. Et le concept fonctionne : Tout pour l’Ouvrier s’exporte désormais partout en Europe et en Amérique ; une réussite d’autant plus remarquable que les maisons de tradition autour de lui ferment les unes après les autres. L’une des derniers en date, le chausseur Deguerville, était établi à Abbeville depuis 1964. Un peu de sa tradition perdurera : Ludovic a pu reprendre la marque Gatine, un fabricant français de chaussures à l’origine destinées aux travailleurs de la terre et aux marchands de bestiaux, mais en même temps des seyantes et confortables pour la ville.

 

Qualité, inventivité, humanité : la griffe Tout pour l’Ouvrier
Ludovic ne vend que ce qu’il aime : des marques « sérieuses » pour le travail et plus « fun » dans un style sport et chic, toutes avec un point commun : une qualité irréprochable. Il fait même fabriquer certains articles en exclusivité, comme cette blouse de peintre introuvable ailleurs, pensée dans un souci de praticité. Son autre plaisir : travailler avec de petites entreprises à taille humaine, vraiment souples sur le plan créatif. Tout pour l’Ouvrier, c’est aussi cela : un commerce qui perpétue un héritage, mais que Ludovic et sa mère ont su faire évoluer tout en préservant son âme.

La fidélité des générations : préparer la rentrée... et assurer la relève

En 2024, la rentrée des classes tombait le 2 septembre, ce qui laissait peu de temps aux familles rentrés de vacances au dernier moment, le 31 août, pour acheter les fournitures. Une bonne raison pour Ludovic d’ouvrir le dimanche après-midi et permettre ainsi aux retardataires de venir équiper leur progéniture en blouses. Parmi ces clients, certains venaient peut-être autrefois accompagnés de leurs parents ou grands-parents – un lien entre les génération que Ludovic connaît bien. Il sait en effet pertinemment que les enfants d’aujourd’hui sont les clients de demain, ceux qui feront vivre son commerce – et il a toutes les cartes en main pour les fidéliser.

 

Tout pour l’Ouvrier

Depuis 1924

17 place Max Lejeune

80100 Abbeville

 

Ouvert du mardi au samedi de 9 h 00 à 12 h 30 et de 14 h 00 à 18 h 45 et le lundi de 9 h 00 à 12 h 00 et de 14 h 00 à 18 h 45

 

Tél. : 03 22 24 28 43

Courriel : toutpourlouvrier@wanadoo.fr

Internet : www.toutpourlouvrier.fr

Facebook : Tout Pour l’Ouvrier

Instagram : toutpourlouvrier  

 

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