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Le Vieux Noyer

Au retour de la plage, j’aime aborder Abbeville par la côte de la Justice, hauteur autrefois extramuros où se dressaient les fourches patibulaires*, ce qui permettait d’exposer les pendus de sorte qu’ils soient vus de loin. De ce sombre patrimoine, plus une trace. Aujourd’hui, l’arrivée à Abbeville offre un spectacle nettement plus réjouissant : la collégiale Saint-Vulfran se dévoile à la vue entre les arbres à mesure que l’on progresse vers le centre-ville ; un spectacle fugace et sans cesse renouvelé au gré de la météo et des saisons, mais particulièrement superbe les soirs brumeux d’hiver quand, entre les frondaisons dénudées, l’édifice s’élance vers le ciel sous le feu des projecteurs. C’est justement au 11 côte de la Justice que je me rends aujourd’hui.

 

Je me gare juste avant le rond-point près de l’ancienne sucrerie devant Le Vieux Noyer. Par son allure, il évoque les relais routiers. Bien que ce ne soit pas le cas, ce restaurant à l’ambiance conviviale, même quand il affiche complet, c’est-à-dire quasi tous les jours, sert une cuisine savoureuse, qui permet de sortir de table en se disant qu’on n’aurait pas fait mieux, voire moins bien, à la maison. Le décor est simple, mais comme David, le propriétaire, affectionne particulièrement les affiches et publicités anciennes, on peut en admirer une succession vantant la moutarde Amora et ses jolis verres, les bienfaits de la chicorée, « l’amie de votre santé » ou encore le cirque Pinder et la Piste aux étoiles, émission de l’O.R.T.F., qui berça jadis l’enfance de nombreux petits Français.

 

Dans ce restaurant, pas de chichis, mais des tables soigneusement alignées, avec des sets en papier. L’aménagement fonctionnel permet à Patricia et Stéphanie d’évoluer aisément le midi quand l’établissement est bondé et que chaque geste compte pour que la rapidité du service n’entame en rien la bonne humeur et la gentillesse des deux femmes.

 

J’arrive pile à 15 heures 30 à mon rendez-vous. Patricia, affairée à dresser les tables pour le prochain service et à nettoyer la salle, m’accueille en lançant un aimable : « Bonjour, comment allez-vous ? » et en m’assurant que le patron qu’elle appelle va arriver. David apparaît justement, arborant un grand sourire qui illumine sa barbe poivre et sel de jeune cinquantenaire. Dans les années 90, ce cuisinier de formation a débuté à Paris où il a travaillé pendant six ans. À l’époque, sa compagne souhaitait quitter la capitale et comme le restaurant sur la côte de la Justice était à vendre, ce natif du Boisle, à une vingtaine de kilomètres d’Abbeville, décida de rentrer au pays. Certes, l’établissement nécessitait un grand rafraîchissement, mais David, qui ne donne pas l’impression de se laisser effrayer facilement, se retroussa les manches et en fit une bonne table, où l’on sert tous les midis depuis 27 ans des plats faits maison, concoctés dans un esprit où s’associent tradition et inventivité – d’ailleurs pas toujours facile, m’avoue-t-il, de sortir des sentiers battus en proposant par exemple une tarte tatin à la banane qui, aussi exquise soit-elle, a mis un peu de temps avant d’être adoptée et de séduire. 

 

En presque trois décennies, David et son équipe ont surmonté quelques obstacles – notamment la perte d’une clientèle âgée qui n’est pas revenue après la crise sanitaire –, certainement grâce à une dose de courage, d’optimisme et d’humour, mais aussi d’esprit d’adaptation. À ma question si l’on a pensé aux végétariens au Vieux Noyer, David m’explique qu’il y a toujours moyen de s’adapter aux besoins divers de la clientèle – et je ne doute pas qu’il y parvienne avec brio. Bien que le restaurant soit uniquement ouvert le midi, l’établissement accueille de la clientèle de 7 à 19 heures et régulièrement des deuils l’après-midi, parfois même sans réservation – des moments que David apprécie pour leur côté chaleureux et humain ; des qualités par lesquelles le Vieux Noyer se distingue et qui font que ce restaurant n’en est pas juste un parmi tant d’autres.

 

Gibet à plusieurs piliers généralement élevé sur une hauteur, visible de loin, hors des villes et à proximité d’une grande voie, dans un lieu bien exposé à la vue des passants.

 

Le Vieux Noyer

11 côte de la Justice

80100 Abbeville

Tél. : 03 22 24 27 94

Courriel : vieux.noyer@orange.fr

Horaires

Du lundi au Samedi de 7 h 00 à 19 h 00

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